Cependant, quand nous étions nés, toutes les deux, avec une extrême penchant pour la tendresse, nous nous sommes mêlés l'un l'autre avec beaucoup de passion. Cet attachement avait commencé de notre première enfance. Nous pleurions dès que l'on voulait nous séparer, même pour des instants. C'était un grand délou, nous l'autre fondait en larmes. Nous passions les journées à jouer à la même table. Nous cochions dans la même lit. Ce sentiment si vif semblait croître avec nous, et il prit de nouvelles forces par une circonstance que je vais raconter. J'avais alors 16 ans, ma sœur 14. Depuis longtemps, nous avions remarqué des livres que ma mère nous cachait avec soin. D'abord, nous avions fait peu de tension, étant déjà fort ennuyés des livres où l'on nous apprenait à lire. Mais la curiosité nous était venue avec l'âge. Nous saisîmes l'instant où l'armoire défendue se trouvait ouverte, et nous enlèvâmes à la hâte un petit volume, qui se trouvait être les amours de mes genoux et de l'héli. Ce devait un ouvrage qui peine un train de flammes tous les délices de l'amour à l'aumane jeune tête. Nous ne pouvions le bien comprendre, parce que nous n'avions pas vu d'être de votre sexe, mais nous répétions ces expressions. Nous parlions le langage des amants. Enfin, nous voulions nous aimer à leur manière. Je pris le rôle de ma genoux, ma sœur celui de l'héli. D'abord, je lui déclarai ma passion par l'arrangement de quelques fleurs, sorte de chiffres mystérieux, forts à nos âges dans toute l'Asie. Puis je fis parler ma rigueur, je me prosternais devant elle, je baisais la trace de ses pas, je conjurais les effets de lui porter mes tentes pleintes, et du feu de me soupir, je croyais embraser leur haleine. Zebed fait dès le leçon de son auteur, m'accorda un rendez-vous. Je me jetais à ses genoux, je baisais sa main, je baignais ses pieds de mes larmes. Ma maîtresse faisait d'abord une douce résistance, puis elle me permettait de lui dérober quelques faveurs. Enfin, elle finissait par s'abandonner à mon ordre impatiente. En vérité, nos hommes semblaient se confondre, et même j'ignore encore ceux qui pourraient nous rendre plus heureuses que nous étions alors. Nous l'étions alors. Je ne sais plus combien de temps nous nous amusons de cette scène passionnée, mais enfin, nous leur fim succéder de ce sentiment plus tranquille.